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Simon Maurissen

Majestueuse rencontre

Updated: Jun 29, 2020



Bien qu’il ne soit pas tard, il fait sombre et humide. Le mois d’octobre qui débarque apporte avec lui sa grisaille. Les deux heures d’affûts que je viens de passer au pied de mon arbre ne m’ont pas permis de voir les cerfs, alors que le brâme a raisonné tout autour de moi tout du long. Les cerfs sont là, quelque part, non loin de moi. Mais, malchance ou mauvais vent, ils ne se sont pas montrés. La nuit tombe et je remballe mon matériel. Le froid pénètre sous mes habits d’affût pourtant chauds et me refroidit. Un brouillard dense s’installe tout doucement. La forêt est calme, les oiseaux se sont tus. Pas un bruit ne vient troubler le silence qui s’est installé. J’entends uniquement le bruit de mes pas sur le sol, pourtant humide et couvert de mousse.

Tout à coup, un brâme puissant et proche m’immobilise. Je cherche à distinguer sa provenance à travers le brouillard et l’obscurité grandissante. Je m’avance de quelques pas pour me trouver devant une grande zone dégagée entourée d’épicéas. Je m’installe discrètement. Quelle chance que je sois à bon vent. Je patiente, la caméra dirigée vers l’endroit d’où je pense que le cerf pourrait sortir à découvert. Le brouillard s’épaissit encore. Puis, comme dans un rêve, un cerf solitaire sort du bois situé en face de ma cachette et marche dans la clairière vers moi. C’est un 10 cors, probablement encore jeune. Il traverse lentement le brouillard en s’arrêtant pour brâmer ici et là. Mon cœur bas à tout rompre. Je n’ai plus froid. Chacune de mes rencontres avec la faune sauvage me remplit d’une pareille excitation. C’est une des raisons pour laquelle je fais ce que je fais. Une des autres raisons est la facilité de faire passer un message ou de sensibiliser les gens au naturellement beau, à la nature et à l’importance de la protéger.

Le cerf frotte ses bois contre un petit sapin, puis repart dans ma direction. Je ne loupe pas une miette du spectacle. Il fait vraiment sombre pour ma caméra maintenant, les images sont très granuleuses. J’essaye de ne pas rompre la magie du moment avec des détails techniques mais j’espère vraiment que les images seront belles et qu’elles permettront de retransmettre l’ambiance vraiment spéciale de la scène que j’ai la chance de vivre pour le moment. Et alors que je pensais que le cerf ne pourrait pas être mieux mis pour le filmer, celui-ci se rapproche encore. Il est maintenant à une dizaine de mètres de moi. Je crains que mon affût bâclé ne trahisse ma présence. Effectivement, un instant plus tard le cerf regarde dans ma direction. Il a repéré quelque chose qui ne ressemble à rien de ce qu’il connaît. Ce n’est ni un arbre, ni un rocher ; ça ne bouge pas mais c’est quand même intriguant. J’espère qu’il ne va pas décider de venir voir de plus près ce que je suis. A mon grand soulagement, le cerf repart tranquillement à travers la plaine et disparaît comme il est apparu dans l’obscurité des arbres.

Cette soirée imprime encore sur mon visage un sourire de satisfaction et d’émerveillement. Vivement l’année prochaine…





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